Plus de cinquante jours. On a tous pris cette petite vague de peur en pleine figure. Nous voici libres, mais le mal rôde toujours. Je disais dernièrement que j'aimais l'aventure des chemins mais en fait, je crois que c'est faux. J'aime les murs, la mélancolie affective et les oreillers qui m'empêchent de me brûler au dehors. Depuis que l'anxiété me ronge, j'ai lutté contre cette envie. Celle du repos, de la paix mentale, de la pause si mal vue. Pourtant, ce confinement a parfois des airs de véritable aubaine.
Des tenues confortables, de la vie autour de moi. Ma soeur, ma très chère soeur, joyau de ma vie à mes côtés. Ma cousine que j'aime désormais de tout mon coeur. Précieuses, ces heures ont été. À ralentir, à vagabonder parmis les pâquerettes de la résidence de ma grand-mère. Tourner en rond (littérallement). Apprendre à raisonner ma culpabilité, affronter la réalité d'être une femme. Oui. Un avortement. J'ai dû remettre mon cerveau en pilote automatique, brandir mon courage de jeune femme terrorisée. Appeler. Le dire à L. Pleurer. Angoisser. Remettre la raison aux commandes. Ne pas imaginer le "et si". J'ai envie de t'aimer pour le moment. Me rapprocher de toi. Être forte pour nous deux.
Puis les visites, être rassurée car bien entourée. Rire, même. Désacraliser. Jamais je n'ai sentie en moi autant de sororité et de force féminine. Me sentir encore plus chanceuse. D'avoir le choix, d'être guidée. Savourer la gratitude et la cultiver la reconnaissance. Ma peur de manque d'amour a commencé à guérir. À l'autre bout du fil, en famille. Je n'ai besoin que de très peu de monde. Dans ma vie. Je veux savourer, minute par minute.
Je suis arrivée à la Baule. Dans tes bras, L. Je m'endors amoureuse, je me réveille amoureuse. C'est d'une simplicité. J'ai parfois envie de pleurer, je n'arrive toujours pas à y croire. Je suis chez toi, j'ai gagné ta confiance et ton amour. On est ensemble. Tu me fais rire. Tu sens bon. Parfois, accepter une minute de joie aussi simple, c'est retrouver tous les sens du Monde.