Jour de ténèbres un peu.
Mon coeur n'arrive pas à sortir de sa couette.
Il n'arrive pas à se mettre complètement à nu, se dévoiler car il ne veut pas être tout laid à tes yeux.
Il ne veut pas non plus être à vif. Il a dû bien vite se rafistoler ces derniers mois, coller de gros pansements sur ses cicatrices invisibles. Mais c'est mort, ça ne marche plus trop.
Te voir, putain. Il faut dire que t'a disparu du jour au lendemain. Même si je m'y préparais depuis des années. J'ai essayé de retarder le plus possible l'échéance déchirante de ma faible contradiction de pauvre meuf attirée par sa propre mélancolie mais ça finit par me couler sur les joues. Sentiments bien salés.
Mais c'est tout comme d'habitude : me préparer au pire, trembler, pleurer, douter.
Il pleut à Paris. J'ai froid. J'ai peur certains soirs, toute seule.
J'essaie de me convaincre que c'est sympa, cette nouvelle vie, que j'aime travailler. C'est faux. J'ai envie d'écrire, d'être libre, qu'il me trouve jolie. Qu'il m'aime vive. J'en ai assez d'être un gros Vogon dépressif. Je veux porter de jolies tenues, lire de jolis contes. Me balader sans trembler, sans que mon coeur ait peur. De toi. De nous. Enfin, putain. Après tout ce temps. T'es beau, t'es vraiment beau. J'ai envie de pleurer tellement t'es beau. Et tu es dans mes bras. Bien accroché, en plus. Et moi je suis là, je remonte un peu plus la couette.
J'essaie de la réchauffer mais je tremble dessous.
Comme une vieille feuille encore un peu morte.