VEF Blog

Titre du blog : Paris toute seule
Auteur : Mink
Date de création : 17-05-2006
 
posté le 05-02-2017 à 22:13:37

Postbad

 

 

 

 

Je voulais poster sur "le blog". 

L'autre "blog".

Celui qui s'impose dans un décor à 35 dollars.

Qui a été mis en scène.

Celui qui veut rassembler à tous les autres : on attend ça de nous maintenant : les jeunes, les meufs.

La capture d'un moment doit se faire à travers un appareil numérique. Plus d'instantané sauf quand c'est à la mode sur une pellicule polaroïd.

Même nos photos personnelles traversent des start-ups pour s'imprimer de papier glacé sur nos murs.

Nos articles voyages doivent être orchestrés, avoir du sens, un parcours. Livrer des conseils, de bonnes adresses, afficher son bonheur de voyager. Prendre sous son meilleur angle, la personne qui nous accompagne.

On doit ouvrir nos sacs, parler de nos tiroirs de salles de bain, quel cactus en céramique avons nous ramener des boutiques tendances. Et les fringues, ces putains de fringues qui nous enferment dans des codes. Vous m'avez comprise, la bouffe, les filtres, nos vies de famille, nos briquets et nos verres à motié vides doivent être là. Sous les feux. Tout le temps. 

On a toujours pas de poches intérieures dans nos blousons mais des pages internet vides de sens.  

 

Parfois, on arrive avec "une humeur", un "moment" à partager. On réfélchit à deux fois avant de se lancer mais finalement ce sont ces écrits qui nous rendent "vivants", "différents", "personnels".

La notion de perfection s'est déplacée sur Internet. L'écriture ne sert plus qu'à présenter, s'introduire nous mêmes comme une personnage de fiction.

 

Cette déconnection ou connection à double sens s'encre dans un besoin sûrment d'exister. D'abord en réponse, aux médias. C'est nous qui écrivons ce dont nous avons envie, besoin. Acheter plus, se renouveller, tester de nouvelles adresses, de nouvelles choses. Combler les manques. Je n'ai jamais réussis à prétendre à tout cela. J'ai plus consacré ma plume à me plier à l'ère du temps, à partager mes divers passions, comme une vitrine au lieu de les vivre pleinement ces dernières années. Je n'y arrive pas. Je prends mon téléphone plus de cent fois par jours. Autant de nouages dans mon ventre qui me font réaliser que quelque chose cloche, ne me correspond pas. Je ne trouve pas de magie. Mais si j'abandonne encore une fois ce petit espace orchestré. Vais-je encore exister ? Aux yeux du virtuel ? Pourquoi ce besoin intensif de contrôler, de se démarquer ? En voyage j'angoisse. Il m'arrive de pleurer. De ne pas être à l'aise. De me disputer avec celleux qui m'emmènent.

 

Il m'arrive de ne pas me foutre quoique soit sur la gueule tout simplement parce que je n'en ai pas envie. Déjà de base, je ne pense pas en avoir ni envie ni besoin. Dans mon esprit, je suis déjà nue. Puis on me renvoie des images, celles des parfaites, celles qui réussissent. Celles qui font des sourires à travers des photos instannées. Mais les jolies filles dans la vraie vie, elles sont abîmées. Fatiguées, à bout de force. On l'est toutes. Toutes victimes de ce que l'on attend de nous. Les régles sont déjà écrites. Au milieu des plantes vertes tendances d'Instagram.